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Chef-d’oeuvre de l’art gothique, la basilique de Saint-Denis témoigne à la fois de la naissance de cet art et de son achèvement. L’abbé Suger en est le principal artisan, même s’il n’en est pas l’architecte. Il a beaucoup écrit sur la construction qu’il a commandée, c’est pourquoi l’édifice est mieux documenté que beaucoup de ses contemporains. Dans le De Consecratione et le De Administratione, Suger décrit son projet dans sa construction, son financement et dans de nombreux détails matériels, mais en le ramenant à sa signification spirituelle où la lumière tient la première place.

L’abbé Suger, religieux et homme politique puissant, entreprend la reconstruction de la vieille église carolingienne dans les années 1130. Il commence par le massif occidental, porteur encore de nombreuses marques de l’architecture romane. La façade occidentale célèbre saint Denis dans un ensemble sculpté aux détails raffinés. Cette façade est aussi un témoin des différentes restaurations de l’édifice.

Une architecture de lumière

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Suger s’est fait représenter sur le vitrail de l’Enfance du Christ

Une fois la façade occidentale inaugurée, Suger pose la première pierre du chevet en 1140, il sera inauguré quatre ans plus tard en présence du roi Louis VII. Les architectes et les maîtres verriers sont parvenus à faire entrer une lumière abondante et subtile à l’intérieur de l’édifice en supprimant toute maçonnerie à l’exception des piles et des colonnes. À la différence des églises antérieures, les cloisons entre les chapelles rayonnantes disparaissent, laissant place à un mur ondulant presque entièrement vitré. L’idéal de l’architecture lumineuse est atteint pour la première fois. Il fera école dans toute l’Europe.

La nef, perfection gothique

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La paroi nord de la nef

C’est sous l’abbatiat d’Eudes Clément et sous le règne de saint Louis que la nef, reliant le massif occidental et le chevet construits par Suger, est commencée. Cette construction est achevée vers 1280. On sait que Pierre de Montreuil a travaillé à ce chantier qui signe une nouvelle prouesse constructive. En effet, les arcs boutants et les croisées d’ogives se sont perfectionnés à mesure qu’avançaient les chantiers des cathédrales; on parvient à supprimer les tribunes, remplacées par des triforiums, galeries vitrées aménagées dans l’épaisseur du mur. Les colonnes s’élancent du sol au départ des voutes, sans les interruptions qu’on connaissait jusque là, par exemple à Notre-Dame de Paris. Ces colonnes forment un faisceau dissimulant le noyau du pilier, ce qui procure un élan vertical encore jamais vu.

On reconstruit le transept et les parties hautes du chœur à cette même période pour les harmoniser avec la hauteur et l’élancement de la nef. Il faut aussi les adapter à la fonction de sépulture royale de l’église. Les architectes parviennent à donner une grande unité à la basilique malgré les différentes techniques utilisées et la longue durée de la construction.

La tour nord

La tour nord de la façade occidentale avait été commandée par Suger, elle fut construite après sa mort et dut déjà être reconstruite en 1219. Très endommagée par la foudre en 1837, elle fut réédifiée sous la direction de l’architecte Debret, mais des défauts de construction ont imposé sa démolition en 1846. Par la suite, Eugène Viollet-le-Duc, chargé la restauration de l’édifice, a proposé une reconstruction restée sans suite. La flèche de Debret ayant été soigneusement démontée, ses éléments sont conservés et classifiés. Le projet de reconstruire la flèche est apparu à la fin du XXe siècle, il aboutit en 2018. Les fouilles archéologiques précédant le chantier de reconstruction ont commencé en 2022. Le chantier de reconstruction devrait durer une dizaine d’années.

Pour en savoir plus sur l’architecture de la basilique de Saint-Denis

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