You are currently viewing La barrière du Trône

La barrière du Trône, vestige d’une enceinte de Paris


Ce monument est visible lors de la visite des enceintes de Paris.

barrière du Trône
Le pavillon de logement des commis de l’octroi et la colonne de la rive sud de l’avenue du Trône

À l’est de la place de la Nation fut élevée en 1787 une porte monumentale composée de deux colonnes et de deux pavillons d’octroi séparés, disposés symétriquement au nord et au sud de l’avenue du Trône. Cette porte était l’une des cinquante-quatre entrées de Paris jalonnant le mur d’enceinte fiscale élevé sous Louis XVI. Ce mur des Fermiers généraux a marqué la limite administrative de Paris jusqu’en 1860. Son nom lui venait de la Ferme générale, institution de l’Ancien régime, formée des « gens d’affaires » chargés de prélever les impôts.
C’est en franchissant ces portes qu’on payait les taxes sur certaines marchandises entrant dans la ville. Deux de ces portes avaient une architecture remarquable parce qu’elles se trouvaient sur l’axe triomphal est-ouest : la barrière de l’Étoile (actuelle place Charles De Gaulle) et la barrière du Trône, dite aussi barrière de Vincennes.

À quelques mètres de la barrière du Trône, un arc de triomphe avait été envisagé sous Louis XIV pour monumentaliser l’entrée dans Paris depuis Vincennes. Ce projet abandonné reparaît sous Napoléon III, alors que la barrière de Ledoux est en place depuis quatre-vingts ans; il s’agit alors de faire un pendant de l’Arc de l’Étoile, érigé dans l’ouest de Paris à la demande de Napoléon Ier. Une maquette grandeur nature de cet arc de triomphe, signé Victor Baltard, voit le jour en 1862, mais le monument n’est jamais construit. Seul le monument de Ledoux marque aujourd’hui l’entrée solennelle dans Paris depuis l’Est.

Une œuvre majeure de Claude-Nicolas Ledoux

La colonne de la rive nord, à l’arrière plan le pavillon des logements.

Architecte le plus en vue à la fin du XVIIIe siècle, Ledoux est aussi l’architecte de la Ferme générale. Il apporte son originalité à l’époque néo-classique; on le dit architecte des Lumières à cause du caractère géométrique et rationnel de ses constructions, mais aussi à cause de leur effet visuel clair et imposant.
Les colonnes doriques de la barrière du Trône sont fidèles au goût pour l’Antiquité très prononcé à la fin du XVIIIe siècle. Ledoux avait prévu des sculptures au sommet, allégories de la liberté du commerce et de la fortune publique. Elles n’ont pas été réalisées, le coût des portes monumentales étant jugé indécent par beaucoup en cette période de grave crise économique.
En 1843 les statues de saint Louis et de Philippe-Auguste viennent couronner les colonnes. Le roi des Français, Louis Philippe, entend réconcilier la Nation avec elle-même et avec son histoire en mettant en vue les grands hommes qui l’ont construite. C’est lors de la même campagne de travaux que les colonnes sont ornées à leur base de diverses allégories.

barrière du trône
Ornement à la base d’une colonne : symboles du commerce et de l’autorité royale

Les pavillons de plan carré, à l’est des colonnes sont des logements pour les commis de l’octroi. Par leur élégance sévère, ils participent à la monumentalité de l’ensemble. Il est vraisemblable que Ledoux ait d’abord envisagé que ces pavillons servent de piédestaux aux colonnes, leurs terrasses sommitales en sont l’indice.

À propos de la barrière du Trône :

  • Un dessin de Christophe Civotet sur le site de la Bibliothèque nationale de France, montrant l’état du monument en 1829 : les statues prévues au somment des colonnes n’ont pas été réalisées, les emplacements seront occupés par les statues commandées par Louis Philippe dans les années 1840.
  • Une étude du Département Histoire de l’Architecture et Archéologie de Paris sur l’histoire de la place de la Nation.

La barrière du Trône