Bruno Elkouken

elkouken 146 bd Montparnasse

Architecte d’origine polonaise (1893-1968), Bruno Elkouken est un représentant remarquable de l’architecture d’avant-garde dans les années 1930. Il intègre le CIAM (Congrès international d’architecture moderne) dès 1929. Ayant peu écrit, il reste malheureusement en marge des grands représentants du modernisme et de ses variantes. Il s’est pourtant illustré par des immeubles originaux, au modernisme très personnel, en particulier dans le XIVe et dans le XVe arrondissements.

Un immeuble moderniste et classique

146 boulevard montparnasse
La façade rue Campagne-Première

Le 146 boulevard du Montparnasse, construit de 1935 à 1937 répond à une exigence de confort et de standing tout en affirmant clairement les principes modernistes, en particulier l’absence d’ornements et les fenêtres horizontales. La façade sur la rue Campagne-Première, longue de 60 mètres s’anime de ressauts et d’un volume saillant sur quatre niveaux. Ainsi, la modulation formelle annule la monotonie. Le rez de chaussée de cette longue façade est destiné aux commerces depuis l’origine. L’entrée principale sur le boulevard Montparnasse, n’étant pas bordée de commerces, offre une certaine monumentalité.

elkoulen Montparnasse
La rotonde d’angle

La lumière est abondante dans les appartements grâce aux larges vitrages et aux pavés de verre placés en allège et en imposte des fenêtres. Les vitrages des fenêtres de la rotonde sont courbes, ce qui est une nouveauté pour l’époque.

La rotonde qui articule les deux façades semble surgir entre deux murs légèrement recourbés, comme si le cylindre exerçait une poussée pour s’extraire de l’immeuble. Le couronnement de la rotonde prend le contrepied de la tout d’angle post-haussmannienne couverte d’un dôme souvent très ouvragé. Ici les deux derniers étages en retrait offrent une face concave qui répond au cylindre, créant ainsi un vide subtilement dessiné.

146 boulevard Montparnasse
Le mur recourbé laissant place à la rotonde

Les fondations ont été difficiles; il a fallu creuser des puits de 20 mètres et les remplir de béton, car le sous-sol est fait d’anciennes carrières. La structure de l’immeuble est en béton. Les murs de façade sont en briques pleines recouvertes de pierre d’Hauteville fixée au mur par un dispositif métallique.

Les appartements sont distribués par trois escaliers et trois ascenseurs sur cour. Les façades sur cour sont recouvertes d’enduits polychromes. L’escalier de service, de forme hélicoïdale, donne une tournure sculpturale à l’immeuble vu de la cour. L’escalier de service est accessible par une petite porte donnant sur le boulevard Montparnasse. Les chambres des domestiques donnent sur la cour.

À propos du 146 boulevard Montparnasse

  • Charles Clément-Grancour, « Immeuble de rapport boul. du Montparnasse et rue Campagne-Première à Paris », La construction moderne, n° 30, 20 juin 1937, p. 638-643. En ligne sur le site de la bibliothèque de la Cité de l’architecture.
  • « Un immeuble boulevard du Montparnasse », L’Architecture d’aujourd’hui, n°3, 1937, p. 39-45. En ligne sur le site de la bibliothèque de la Cité de l’architecture.
  • Gilles Ragot, 1918-1940 Architectures modernes Paris et environs, Parigramme, 2021, p. 170-171.
  • Simon Texier, Paris Grammaire de l’architecture XXe XXIe siècles, Parigramme, 2007, p. 115
  • Pour comparaison, voir l’immeuble de Jean Ginsberg et François Heep avenue de Versailles.
  • La façade du 146 boulevard Montparnasse de Bruno Elkoulen est visible lors de la visite du quartier Montparnasse.

146, boulevard Montparnasse