Naissance de la villa La Roche
En 1923 un promoteur envisage le lotissement du square du Docteur Blanche dans le XVIe arrondissement. Ce secteur de Paris est encore peu urbanisé. On fait appel à Le Corbusier pour dessiner une maison à l’entrée du square afin d’attirer des acquéreurs pour les parcelles de cette petite voie, cette maison ne sera pas construite. Après bien des projets, des discussions nombreuses avec les propriétaires possibles ou réels, Le Corbusier construit deux villas mitoyennes au fond de l’impasse, elles sont achevées en 1924.
Raoul La Roche, banquier et collectionneur de peintures, fait construire la plus remarquable de ces maisons. La galerie de peinture, à la façade galbée, est l’élément qui frappe d’abord le regard. Elle est sur « pilotis », selon la formule de Le Corbusier. C’est en effet l’une des première fois que Le Corbusier met en œuvre la libération du sol grâce aux supports de béton.
Distribution de la villa
La porte d’entrée de la maison est assez discrète, mais, un fois le seuil franchi, le hall d’accueil offre un aménagement particulier de l’espace : verticalement il s’ouvre sur les trois niveaux de la maison. Le hall surprend par un contraste violent de pénombre et de lumière. À droite sont les parties privées où réside Raoul La Roche. À gauche commence ce que Le Corbusier appellera plus tard la « promenade architecturale » : un escalier presque caché mène à une saillie sur le hall, comme un belvédère, qui permet d’apprécier l’agencement des volumes. De là on accède à la galerie de tableaux, pièce majeure de l’édifice. C’est le musée privé de M. La Roche. L’espace de cette galerie est accentués par les couleurs : bleu et « terre de Sienne brûlée ». Raoul La Roche a été immédiatement séduit par cette galerie qu’il a qualifiée de « poème de murs ».
Le plan incliné qui mène à la bibliothèque a été sublimé par Charlotte Perriand quatre ans après la livraison de la maison : elle a placé un placard fin à portes vitrées coulissantes soulignant le mur galbé. Elle a dessiné la table fixe au milieu de la galerie. L’éclairage aussi a été modifié par Charlotte Perriand en 1928 : un « bac à lumière » bleu traverse la galerie côté sud-est, il offre un éclairage indirect aux tableaux accrochés, il fait aussi écran à la lumière du soleil qui ne doit pas arriver directement sur les œuvres exposées.
La bibliothèque surplombe le hall d’entrée, c’est un espace intime au plafond bas, muni d’un éclairage zénithal et d’une fenêtre au sud-est. Les rayonnages en ciment servent de garde-corps.
La partie droite de la maison, qui abrite l’appartement de Raoul La Roche et celui de son valet, présente une grande sobriété. La distribution est assez classique. Au-dessus de la « chambre puriste » de La Roche se trouve la terrasse, indispensable dans l’esprit hygiéniste de Le Corbusier.
Le jeu des formes villa la roche le corbusier
L’extérieur de la maison, récemment restauré, présente les formes simples et sans ornement chères à l’architecte. Le Corbusier tenait l’architecture pour « le jeu savant, correct et magnifique des volumes assemblés sous la lumière » (Vers une architecture, 1923). Il disait à propos de la villa La Roche que l’intérieur doit « prendre ses aises » et « pousser le dehors qui forme des saillies diverses ». Cette villa est un manifeste du « purisme », mouvement qu’avait fondé Le Corbusier avec son ami Amédée Ozenfant.
Avec la villa La Roche, Le Corbusier fait la démonstration des possibilités offertes par le béton. Avant cette démonstration, le béton était volontiers utilisé pour son faible coût et pour ses performances, mais, à Paris, il n’avait pas encore permis la création de nouvelles formes.
La villa La Roche a été léguée par Raoul La Roche à la Fondation Le Corbusier dont le siège est dans la maison voisine que Le Corbusier avait construite pour son frère Albert et sa famille.
villa la roche le
Pour en savoir plus sur la villa La Roche de Le Corbusier
- La villa La Roche fait partie de la visite consacrée à Le Corbusier et au modernisme.
- Le Corbusier, Vers une architecture mis en ligne par la Bibliothèque nationale de France et Mondothèque.
- Dominique Lyon, Le Corbusier vivant, Telleri, 1999, p. 17-25.
- Hervé Martin, L’Architecture moderne à Paris, Syros, 1987, p. 192-193.
- Une autre oeuvre de Le Corbusier : la maison-atelier Ozenafant.