L’immeuble « à gradins »
Henri Sauvage et Charles Sarazin construisent entre 1912 et 1914 un édifice novateur dans le paysage parisien. L’immeuble devait s’appeler « Maison à gradins sportive » à cause des salles d’escrime qui devaient être aménagées dans les appartements. Le sport et l’hygiène dominent en effet la période de construction. La présence de lumière dans la rue et le besoin d’air dans les appartements commandent la façade en gradins. Ce procédé a été breveté par Sarazin et Sauvage en 1912. La structure de l’immeuble est en béton armé.
Les carreaux de faïence, qui couvrent tout le bâtiment et lui donnent son unité, sont fournis par l’entreprise Boulenger de Choisy-le-Roi, la même qui produit les carreaux du métro. La lutte contre la tuberculose est un souci majeur des architectes : propreté, air et lumière doivent contribuer à détruire le bacille de Koch. C’est donc une esthétique à la fois originale et sobre qui caractérise la façade : de petits carrés et de minces rectangles bleu foncé ponctuent les étages. La forme générale donne à l’ensemble une présence paisible et moderne. Les plantes que les occupants installent sur les terrasses font partie du décor prévu à l’origine.
Un projet partiellement réalisé
L’immeuble effectivement construit est nettement plus petit que ce qui était prévu : on aurait dû bâtir une véritable pyramide de dix niveaux, avec des étages de plus en plus réduits à mesure qu’on s’élève. La très large base de la pyramide aurait été occupée par des commerces éclairés par des puits de lumière. Le financement n’a pas suivi et l’immeuble n’atteint que six niveaux, les gradins étant uniquement côté rue. L’arrière de l’immeuble, en T, est pourvu de murs verticaux.
Si le 26, rue Vavin suscite la curiosité en son temps, il ne fait pas école. La presse s’y intéresse peu.
Henri Sauvage construit en 1927 un immeuble qui arbore l’aspect d’une pyramide presque complète rue des Amiraux (XVIIIe arrondissement). Le grand espace central est occupé par une piscine. Cette forme est restée sans lendemain à Paris.
L’immeuble de la rue Vavin est inscrit sur la liste supplémentaire des monuments historiques depuis 1975.
À propos du 26, rue Vavin
- Nombreux plans et coupes dans « Maison à gradins, rue Vavin, à Paris », La Construction moderne, supplément au n° 52, 20 septembre 1914, p. 577-579 et planches 125, 126, 127, en ligne sur le site de la bibliothèque de la Cité de l’architecture.
- Sur Henri Sauvage, voir le Studio-Building.
- L’extérieur de l’immeuble du 26, rue Vavin est visible lors de la visite du quartier Montparnasse.