A retrouver lors de la visite du quartier latin.
Un droit d’enseigner difficile à conquérir
Situé au 5, rue de l’École-de-médecine, cet amphithéâtre a connu plusieurs affectations.
La confrérie des chirurgiens a dû lutter longtemps avant d’avoir le droit de dispenser un enseignement. Jusqu’au XVIIe siècle en effet, le métier de chirurgien étant manuel, ses membres formaient des disciples par l’apprentissage. Les chirurgiens, qui n’étaient pas médecins, demeuraient sous la tutelle sévère de la faculté de médecine. La première autorisation d’enseigner fut octroyée aux chirurgiens au début du XVIIe siècle. Pour cela ils occupèrent un bâtiment proche de l’église dédiée à leur saint-patron, Saint-Côme (détruite en 1836). Le succès de cet enseignement conduisit à agrandir l’école qui se déplaça de quelques dizaines de mètres : c’est là que fut construit à partir de 1691 le bâtiment qu’on voit aujourd’hui rue de l’École-de-Médecine par l’architecte et entrepreneur Charles Joubert. Les travaux durèrent jusqu’en 1696 à cause de problèmes financiers.
Amphithéâtre de chirurgie, architecture novatrice
Charles Joubert est très peu connu, il a pourtant inventé un modèle d’amphithéâtre original, spécifique à l’enseignement de l’anatomie. Le corps que le maître disséquait se trouvait au centre de gradins disposés sur un plan octogonal. La lumière entrait abondamment par les fenêtres du dôme. Par cet édifice remarquable, les chirurgiens voulaient aussi améliorer leur image et montrer la valeur de leur travail et de leur science. On disait que cet amphithéâtre était construit comme les cirques romains où on abrégeait la vie tandis qu’ici on travaillait à la prolonger. Cette publicité était nécessaire, car les chirurgiens ne faisaient toujours pas partie de l’université, ils ne constituaient pas une académie malgré la bienveillance de Louis XIV; ils n’étaient que « la Compagnie de Saint-Côme ». Sous Louis XV, en 1731, une académie de chirurgie a été créée. Mais c’est un autre bâtiment, lui aussi rue de l’École de médecine qui scellera la réconciliation de la médecine et de la chirurgie à la veille de la Révolution.
Pour connaître en détail l’histoire de cet amphithéâtre de chirurgie, voir l’article de Pierre-Louis Laget, « L’amphithéâtre d’anatomie de la communauté des chirurgiens de Paris sis rue des Cordeliers », paru dans le Bulletin monumental.