Le sage alignement de l’église Saint-Leu-Saint-Gilles sur le boulevard de Sébastopol

église saint leu saint gilles
Le presbytère et le chevet alignés comme les autres immeubles du boulevard.


Le hasard semble avoir placé le boulevard de Sébastopol comme une tangente à l’abside de l’église Saint-Leu-Saint Gilles. Il n’en est rien. Cette église a fait les frais des alignements haussmanniens qui s’appliquaient partout dans Paris dans les années 1850 et 1860.
Une chapelle est attestée à cet emplacement au Xe siècle, l’église actuelle date pour l’essentiel du XIVe siècle. Elle a été modifiée et remaniée plusieurs fois au fil du temps. En 1857, à l’occasion du percement du boulevard de Sébastopol, le chevet de l’église est « raboté » pour suivre l’alignement de la nouvelle voie. Certains ont tenté de défendre la forme et les dimensions de l’ancien chevet, arguant qu’il n’aurait débordé que de 1 m 20 sur le nouveau boulevard qui, lui, a 30 m de large. Mais Haussmann fut intraitable, l’égalité devant la loi des alignements ne souffrant aucune exception.

Baltard adapte l’église

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C’est Victor Baltard qui fut chargé par le préfet Haussmann de l’aménagement de l’église. Quand il prit en main ce chantier, ses fameux pavillons métalliques sortaient de terre aux Halles à quelques dizaines de mètres de là. La postérité les a appelés « pavillons Baltard ».

Le clergé et la ville ont fait de l’obligation d’alignement une occasion d’agrandir l’église presque de tous côtés (comparer les plans du quartier avant et après travaux en suivant les liens indiqués au bas de cette page). Le chevet ancien, encadré de maisons, donnait sur une rue très étroite. En revanche l’église modifiée offrait côté boulevard une certaine monumentalité grâce au chevet dessiné par Baltard; c’était une façon de participer au dégagement des monuments alors très en vogue.
Les travaux d’alignement du chevet furent engagés en 1857, la construction du presbytère et des dépendances l’année suivante.
La composition de Baltard met en valeur la courbe du chevet – ce qui est paradoxal pour une obligation d’alignement – en la faisant apparaître au-dessus d’un mur rectiligne surmonté d’un garde-corps qui se prolonge sur les deux terrasses encadrant l’abside. Ces deux terrasses sont surmontées de combles très soignés.

À propos de l’église Saint-Leu Saint-Gilles

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