Retrouvez la Petite galerie lors de la visite Décors de Seine.
De la Renaissance à l’âge classique
Lieu de passage et de prestige du Louvre royal, la Petite galerie est un bâtiment aujourd’hui peu remarqué dans le gigantesque ensemble qui abrite le musée.
Pierre Lescot, l’architecte de François Ier et d’Henri II, commence en 1545 le Louvre que nous connaissons aujourd’hui. Il signe l’entrée décisive de Paris dans la Renaissance française, et l’ancien Louvre qui n’avait pas su se départir de son allure de forteresse militaire est démoli, progressivement mais complètement.
Devant la façade du nouveau Louvre « du côté de la rivière », comme on disait à l’époque, se trouvait un jardin qu’on devine sur l’image. Pour avoir une belle vue sur ce jardin, le roi Charles IX aurait construit une terrasse sur un portique en 1566, mais ce sujet est encore discuté. Peut-être s’agit-il d’un bâtiment à la manière de la loggia dei Lanzi à Florence qui reçoit une exposition de sculptures.
Trente ans plus tard, sous Henri IV, ce portique cède la place à la Petite galerie : plus de terrasse mais un bâtiment de deux étages et comble. L’étage supérieur abrite une galerie. Le programme du décor de cette galerie est hésitant, Henri IV finit par commander une série de portraits de rois en 1607. Ce n’est pas encore un musée, mais l’esprit de collection faisait son œuvre.
Sous Louis XIV, en 1661, un incendie détruit l’étage supérieur de la Petite galerie. Sa reconstruction est aussitôt entreprise par Louis Le Vau. La décoration intérieure est confiée à Le Brun qui dirige un décor sur le thème d’Apollon. C’est avec ce décor que Louis XIV devient le Roi-Soleil. Ainsi, l’ancienne Galerie des rois devient celle d’Apollon. Mais le décor reste inachevé, car le chantier de Versailles mobilise de plus en plus d’artistes au détriment de Paris. Le décor ne sera terminé qu’au XIXe siècle.
Malgré l’habileté de Le Vau on note une différence nette entre les deux niveaux de la Galerie : le décor est plus riche, l’ornementation plus abondante au rez-de-chaussée, surtout dans la partie centrale où les chaînages saillants de marbre noir et de pierre blonde affirment fortement l’entrée du bâtiment. Les angles sont traités en bossage vermiculé, une invention de Lescot rappelant les contorsions du lombric.
Le premier étage a cent ans de moins (reconstruit à partir de 1661). Le Vau y exprime le classicisme du Grand siècle au moyen, notamment, de pilastres ioniques : élégance sobre et assurée de la monarchie. La toiture et les œils-de-bœuf sont en revanche les mêmes que ceux du bâtiment primitif, mais ils ont été aménagées par Félix Duban au milieu du XIXe siècle, dans un souci de retour à l’état d’origine; l’œuvre de Le Vau s’en est trouvée affectée.
C’est aussi Le Vau qui double l’épaisseur de l’aile sud de la cour carrée du Louvre et qui ajoute un étage au pavillon qui jouxte la galerie (à gauche sur la photo) contribuant ainsi à atténuer l’effet de la Petite Galerie.
A propos de la Petite Galerie :
Un estampe d’un dessin de Jean Marot présentant la Petite galerie avant l’incendie de 1661, conservée au Musée Carnavalet. Comme il s’agit d’une gravure, elle est à l’envers.