L’Hôtel-Dieu de la Cité : une institution plus que millénaire
Achevé en 1877, l’Hôtel-Dieu qu’on peut voir aujourd’hui sur l’île de la Cité est l’un des premiers hôpitaux parisiens construits selon les normes hygiénistes. Mais une longue histoire a précédé la construction de ce bâtiment.
L’existence de l’Hôtel-Dieu est attestée au IXe siècle, mais il a probablement été fondé au VIIe siècle par l’évêque de Paris saint Landry. C’était une institution administrée par les chanoines et placée sous l’autorité de l’évêque, destinée à accueillir les malades pauvres. Plus qu’un établissement de soins, c’était un lieu de charité qui pouvait accueillir aussi des pèlerins – l’île de la Cité est traversée par un chemin de Saint-Jacques de Compostelle.
Le terme « Hôtel-Dieu » vient de ce qu’on était reçu au nom de Dieu, dans un acte de charité dont le sens était plus spirituel que médical.
Le premier bâtiment de l’Hôtel-Dieu de Paris connu de façon certaine se trouvait sur la partie sud-est du parvis actuel de la cathédrale. C’est là que Maurice de Sully, l’évêque de Paris qui commença la construction de Notre-Dame en 1163, fit construire un « nouvel » Hôtel-Dieu, à quelques mètres de la cathédrale actuelle. Cet établissement dut être agrandi à de nombreuses reprises à cause de l’augmentation de la population. Il finit par déborder de l’île de la Cité et se développer sur la rive gauche au début du XVIIe siècle.
L’Hôtel-Dieu de la Cité : une architecture pour guérir
Suite à un incendie en 1772, divers projets d’aménagement d’un nouvel hôpital virent le jour. Mais le lieu d’implantation, la forme et l’organisation de l’hôpital ont suscité tant de débats qu’à l’arrivée d’Haussmann à la préfecture de la Seine (1853) le vieil Hôtel-Dieu, bien peu fonctionnel, était toujours en place.
Faisant raser tout un quartier insalubre, le préfet Haussmann offrit un terrain de plus de deux hectares sur l’île à l’architecte Émile Gilbert. Celui-ci s’inspira de la renaissance Toscane, les ressemblances avec l’hôpital des Innocents de Brunelleschi à Florence sont assez nettes. Mais le style n’est pas tout : il faut surtout obéir aux règles imposées par les médecins hygiénistes et calculer la hauteur des salles en fonction du volume d’air dont un malade a besoin; il faut garder une distance suffisante entre les ailes latérales pour que la lumière naturelle atteigne toutes les salles. C’est pourquoi le plan est dit « en peigne » : deux longs bâtiments parallèles orientés nord-sud sont séparés par un jardin fermé au sud par le vestibule d’entrée et au nord par la chapelle dont le dôme projeté n’a pas été réalisé; de ces deux bâtiments partent perpendiculairement vers l’extérieur les ailes latérales.
Les médecins ont obtenu en 1872 que la construction d’un étage supplémentaire soit abandonnée pour éviter une trop grande concentration de malades, ce qui aurait nui à la salubrité des lieux.
Émile Gilbert mourut en 1874 et c’est son gendre, Arthur-Stanislas Diet qui acheva la construction de l’ouvrage. Diet est aussi l’architecte du 36 quai des Orfèvres, situé à quelques centaines de mètres.
L’histoire de l’Hôtel-Dieu vous sera contée lors de la visite de l’île de la Cité.
A voir :
– Une photographie de l’Ancien Hôtel-Dieu, vu depuis le bras sud de la Seine, avec la tour sud de Notre-Dame en cours de restauration (1852), sur le site de la Bibliothèque des Arts décoratifs.